Déjà une cinquième édition pour TruMontreal. Bravo à Sandrine Théard et à tous ceux qui ont mis l’épaule à la roue au cours des dernières années (certains sont sur la photo). Pour ma part, j’ai eu le plaisir de participer aux 5 éditions et de voir en quelque sorte l’évolution des idées et des questions. L’objectif de cet article n’est pas d’offrir un résumé – d’autres l’ont fait – mais d’apporter mon regard externe en tant qu’outsider à tous les recruteurs présents.
Mon impression est que certains sont en attente d’une révolution copernicienne, alors que d’autres semblent seulement aspirer à des mini-changements pour préserver le statu quo.
Révolution copernicienne ?
Sans aller dans les détails historiques, disons qu’il y a eu un avant et un après Copernic. (si ça ne vous dit rien, wikipedia en parle ici).
Au départ, une idée nouvelle qui renverse la conception du monde: la Terre tourne autour du Soleil (et pas l’inverse). Bang!
Évidemment, ce n’est aussi simple. Il s’est écoulé plusieurs années. À débattre. À convaincre. À prouver. Deux clans se sont opposés et ont argumenté à n’en plus finir… jusqu’à ce que les preuves viennent corroborer les intuitions.
L’idée qui divise les recruteurs selon moi
Chaque année au TruMontreal, j’ai l’impression de revivre cette dualité dans l’assistance. D’un côté, ceux qui sont contraints – par leur entreprise ou leurs croyances – à essentiellement préserver le statu quo. De l’autre, ceux qui sentent que tout va changer, chaque nouvelle technologie nous rapprochant de ce moment tant attendu. En expliquant cette perception ainsi, vous comprenez de quel côté je suis 🙂
Ce sentiment a toujours été présent à chaque édition de l’événement. Certaines fois, c’était beaucoup plus fort, comme lors de l’atelier sur le Big Data co-animé avec Jean-Baptiste Audrerie en 2013. J’avais d’ailleurs écrit un article à ce sujet.
Et bien, j’ai ressenti la même chose lors de la session sur la réalité virtuelle de la 5e édition. J’écoutais les gens parler et je ne pouvais m’empêcher de répéter dans ma tête: « ils parlent comme s’ils étaient infaillibles, comme si le processus de recrutement était parfait ».
Je me suis dit: « quelque chose les empêche de pousser le débat plus loin ». Quelle est cette idée invisible qui divise? Celle toujours présente qui, tel un frein, empêche de laisser libre cours au monde des possibles? Qu’elle est LA révolution copernicienne qui pourrait transformer le recrutement en profondeur?
Et voici celle qui m’est venue en tête:
Le recruteur est la meilleure personne pour sélectionner le meilleur candidat.
Qu’on entend à gauche et à droite sous les formes suivantes:
- Aucune technologie ne pourra nous remplacer complètement
- Nous sommes les mieux placés pour trouver le meilleur candidat disponible
- Nous pouvons déceler des choses qui clochent
- Nous devons aider le gestionnaire car il n’a pas ce que ça prend pour recruter
- Nous validons le « fit » du candidat avec la culture de l’entreprise
- …
Mon objectif ici n’est pas de dire si c’est vrai ou pas. Plutôt de poser la question: et si c’était faux ? Alors allons-y.
Les recruteurs ne sont pas les meilleures personnes pour sélectionner le meilleur candidat
Cette affirmation libère les questions suivantes:
- pourquoi devons-nous sélectionner? Et qui sélectionne qui?
- quelles sont les tâches/étapes ou le recruteur apporte le moins de valeur? Et le plus?
- si le recruteur ne pouvait travailler qu’une heure par jour, sur quoi concentrerait-il son temps ?
- qui devrait être la meilleure personne pour sélectionner (et qu’est-ce qu’il lui manque) ?
- …
Et plusieurs autres.
Vous avez envie de réagir? Merci de commenter et j’ajouterai les idées au fur et à mesure. Certaines pourraient faire partie d’un prochain Tru qui sait ?
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Complètement d’accord avec toi Mathieu. Les recruteurs ne sont pas forcément les meilleures personnes pour sélectionner le meilleur candidat.
Je me bats tous les jours dans mon entreprise pour que certains employés et gestionnaires s’investissent davantage dans le recrutement.
Surtout dans le monde des technologies. Quoi de mieux que d’être recruté par son futur patron ou approché par des pairs !
Nous avons fait le test : les développeurs répondent plus de 60% plus s’ils sont approchés par le gestionnaire que par moi.
Je pense que l’avenir du recruteur réside dans le coaching. Aider les gestionnaires d’embauche à recruter. Trouver les « ambassadeurs » qui vont pouvoir passer des messages à leur réseau. Le rôle va encore évoluer, c’est certain. Il ne fait pas voir le changement comme une menace mais comme une opportunité !
Bon point. Le chiffre que tu avances (60%) fait tu sens, surtout si certains candidats ont vécu des situations désagréables par le passé.
J’aime ta suggestion du coaching. Je ne crois pas que ça s’y limite, mais ça en fait partie assurément.
Excellent texte Mathieu ! Le recrutement est un art plutôt qu’une science, comme pour tout ce qui touche l’humain… Le recrutement n’y échappe pas, ce qui me fait douter que les outils de recrutement automatisés puissent remplacer un jour le recruteur, même s’ils pourront sans doute faire de grands bouts dans le sourcing, l’affichage, les tests, etc.
En même temps, la compétence d’un recruteur est si aléatoire : on peut être bon à recruter des techniciens, mais pas des ouvriers, des jeunes et pas des vétérans, etc. Il faut rester drôlement humble en recrutement, parce que notre jugement n’est jamais parfait, qu’on passe souvent à côté de magnifiques candidats dès qu’ils sortent un peu de notre zone de confort et qu’on ne remet pas assez en question nos méthodes et nos résultats. D’où l’importance de faire ces sélections en équipe et de mettre nos choix au défi du regard des autres.
Exact. La technologie doit être utilisée en support, autant pour obtenir une vision moins biaisée que pour uniformiser les meilleures pratiques.
Par exemple, une technologie pourrait mesurer le recruteur en action afin d’améliorer le processus.
Merci pour ton commentaire.