Prendre sa place sur LinkedIn. Une petite phrase de 5 mots qui semble anodine mais qui inclut pourtant plusieurs choses: qui nous sommes et la place que nous voulons prendre, la place que les autres nous permettent de prendre et ce que LinkedIn offre comme fonctionnalités. C’est à la jonction de ces 3 éléments que je t’invite pour un 2e épisode de la saison 2 du podcast LinkedIn Extenso. Toujours dans le cadre du défi #JanVoix2022 que j’ai présenté dans l’épisode précédent du podcast, je poursuis avec 3 nouvelles contraintes.
Si tu veux prendre ta place sur LinkedIn, écoute l’épisode.
Plus d’estime de soi dans son profil
Lorsque les gens visitent notre profil, ils ne voient pas qui nous sommes réellement. Ils voient ce que nous avons mis dans le profil, donc en fonction de nos filtres, et ils l’interprètent en fonction des leurs. Ça fait beaucoup de « bruit » et ça explique souvent pourquoi il n’y a pas de résultats tangibles.
Ma fille, lorsqu’elle avait entre 8 et 10 ans si je me souviens bien, disait parfois la phrase suivante:
Papa, tu me sous-m’estimes.
Elle est évidemment mal construite et c’est ce qui me faisait sourire à l’époque. Mais aujourd’hui, en faisant le lien avec LinkedIn, je trouve qu’elle est riche de sens. Si nous nous sous-estimons – ou si nous sommes humbles – les gens ne peuvent pas voir qui nous sommes réellement.
Transcription
Première contrainte en partant d’une parole d’enfant. Bien évidemment, je me suis inspiré de mes enfants. J’ai en ai trois: 16, 18 et 20 ans. Ce ne sont plus des jeunes enfants. Mais ils ont donné quand même quelques petits trésors au fil des ans. Et un de ces trésors-là, c’est ma fille Florence qui a dit: « Papa, tu me sous-m’estimes. »
Alors moi, je trouvais ça très, très drôle. Ça me faisait sourire parce qu’il y avait comme une dualité là-dedans où, en fait, on voit le regard de l’autre entremêlé avec le sien. Et « tu me sous-m’estimes », quand je fais le lien avec LinkedIn, je pense souvent au profil des gens.
Le profil des gens… on dirait qu’il y a comme deux types de personnes. Il y a des gens qui sont plutôt prétentieux. Ils ont fait un petit quelque chose et finalement c’est le plus gros projet de leur vie. Je ne suis pas là pour les juger, c’est juste qu’on dirait qu’ils en mettent, il y a vraiment beaucoup de couleurs autour de ça. Alors que d’autres personnes sont plus humbles. Et « tu me sous-m’estimes », on dirait que c’est le regard que les autres peuvent avoir envers nous, lorsque nous-mêmes, on n’a pas mis trop d’éclats sur notre profil, alors qu’on a quand même réalisé des choses importantes.
Ce que je fais habituellement lorsque je suis avec des clients qui sont plus humbles – je ne dirais pas nécessairement timides, ce sont simplement des gens qui ne veulent pas vraiment le spotlight sur eux – je leur demande: les autres, ils disent quoi de toi? C’est quoi les mots qu’ils utilisent, etc. Puis c’est ça un peu la tournure qu’on va faire. Exemple: « mes fournisseurs aiment bien telle, telle, telle chose. » Ça permet d’utiliser les mots des autres pour se mettre un peu en avant-plan.
Alors ça, c’était la première contrainte qui me ramène à une phrase qui m’a fait très rire il y a longtemps.
Donner et demander des recommandations
Les témoignages permettent de savoir ce que les autres apprécient de nous. Cela donne un autre regard tout en faisant plaisir. Ce qui est simple pour nous – et donc sans intérêt dans parler n’est-ce pas? – est souvent magique pour les autres.
Pour mettre cela en action sur LinkedIn, il suffit de donner et de demander des recommandations. L’avantage des recommandations, c’est qu’elle montre aux visiteurs de notre profil que nous existons. Ce sont des preuves sociales et, habituellement, les faux profils n’en ont pas. Ça crée donc de la confiance.
Transcription du segment
Deuxième contrainte, on va rester quand même un peu au niveau du profil, c’est les témoignages. Donc, témoignages d’un client. Dans ce cas-ci, c’est un client, mais c’est aussi une collaboratrice. Dans le fond, on collaborait sur ce projet-là. Mais c’était elle qui était mon client direct. J’aurais pu en utiliser plusieurs, nécessairement, au fil des ans, on en accumule. Mais celui-là m’a particulièrement touché. C’est de Julie. Je la lis:
« Il y a de ces gens qui nous aident à être meilleurs professionnellement, à pousser plus loin une partie de notre expertise pour mieux servir nos clients. Mathieu, chaque fois que je travaille avec toi, j’apprends une nouvelle partie de mon métier. Chaque fois que je t’invite à collaborer sur un de mes projets, j’ai la conviction qu’on pousse plus loin de l’expérience et que ça fait une réelle différence. Merci Mathieu. »
Donc moi quand j’ai lu ça, évidemment, ça m’a fait prendre conscience de la force de cette collaboration-là et de voir qu’on s’apprécie mutuellement. Et ça, bien évidemment, la personne me l’a écrit comme ça, dans un message, peut-être même un post sur LinkedIn. Et c’est un peu une occasion manquée, parce que ça, ça va disparaître dans le temps.
D’ailleurs, petit truc à mettre en place dès maintenant si ce n’est pas déjà fait, quand les gens t’écrivent des commentaires ou t’envoient des messages, fais une capture d’écran et rassemble ça à quelque part. Tu peux l’imprimer, tu peux le mettre sous la forme d’un post-it, ce n’est pas grave, mais garde la copie de ça, ça peut toujours t’être utile et parfois ça peut même te motiver.
Une des fonctionnalités qui existe sur LinkedIn, ce sont les témoignages. Et les témoignages, eux, restent sur le profil. Et ça ne veut pas nécessairement dire que tout le monde va le voir. Par contre, on peut y retourner, nous, à l’occasion. Et certaines personnes vont peut-être y aller aussi.
Le lien avec LinkedIn, c’est ça, c’est de ne pas négliger cet aspect-là, d’offrir soi-même des recommandations. D’ailleurs, il y a deux moments clés où est-ce que je propose aux gens de le faire. C’est à Noël, au lieu de faire des cartes de Noël, les cartes c’est bien aussi, mais ceux qui cherchent une alternative, le fait de faire une recommandation aux gens en fin d’année pour souligner des collaborations qu’il y a eu dans l’année, je trouve que c’est une belle attention. Et l’autre moment, c’est le 8 mars. Pourquoi le 8 mars? À un moment donné, j’ai donné des conférences dans le cadre de la Journée internationale du droit des femmes. Et je me suis dit que c’était une belle occasion, justement, pour mettre en lumière le travail des femmes avec qui on collabore.
J’ai remarqué personnellement que j’avais peut-être… je ne sais pas si c’est un biais ou quoi que ce soit, mais quand j’ai regardé le nombre de recommandations que j’avais faites dans le passé, il y avait probablement quatre fois plus d’hommes que de femmes, alors qu’à tous les jours, je travaille autant, sinon plus avec des femmes.
Donc, qu’est-ce qui fait que j’ai favorisé un versus l’autre? Je ne sais pas avec le recul, j’ai juste des hypothèses, peut-être qu’avec les femmes j’ai plus de facilité à leur dire directement, tandis qu’avec des confrères masculins, ça s’est fait en ligne, mais il y a un danger là-dedans, c’est que c’est l’impact que ça donne, si ça fait en sorte que les hommes en reçoivent plus que les femmes.
Bref, l’idée derrière ça, c’est d’utiliser cette date-là pour se demander, quelles sont les femmes dans mon réseau que j’aimerais voir briller, des personnes avec qui j’ai apprécié travailler, etc. Donc, deux moments pour recommander des gens. Ça, ce que ça va faire, c’est que certaines personnes vont vouloir te recommander par réciprocité. Et l’autre chose aussi qu’il faut considérer, c’est qu’il ne faut pas hésiter à demander des recommandations. Quand on a aimé travailler dans un certain projet, quand on a mis à contribution nos talents et tout ça, nécessairement il y a quelqu’un qui devrait être en mesure de mentionner ça. Donc oui, donner, mais aussi demander, c’est hyper important.
Analyser comment LinkedIn évolue
Plusieurs fois par année, LinkedIn propose des nouveautés et analyse le comportement de ses membres. En fonction de la réaction, il s’ajuste.
À travers tous ses changements, on peut parfois avoir des doutes et se demander si ce n’est pas la fin. Cela fait près de 15 ans que j’informe et forme les gens sur LinkedIn et ce doute est toujours présent pour moi.
La transformation de LinkedIn en 2020 et 2021 a été plus grande qu’à l’habitude. Entre autres parce que d’autres plateformes sont devenues moins intéressantes et que les activités en présence ont été très limitées. Cela a généré une grande migration, des usages différents, de belles surprises mais aussi des frustrations.
La chanson Time is running out du groupe britannique Muse parle de ces situations où une rupture prochaine est possible. Les paroles illustrent très bien comment je me sens.
Transcription
Finalement, dernier segment, en partant d’une chanson. J’ai creusé auprès d’un groupe que j’aime beaucoup, qui s’appelle Muse. Et là, j’ai fait le tour de quelques chansons. Il y en a qui parlent d’environnement et tout ça. Mais toujours, le fait de ramener ça à LinkedIn, c’était pas évident. Et là, je suis tombé sur une des chansons. Je pense que c’est la deuxième qu’ils jouent le plus en spectacle. C’est «Time is running out». Alors, j’ai essayé de traduire certaines portions de cette chanson-là pour expliquer un peu pourquoi je l’ai choisie.
Je dois mettre quelque chose en contexte parce que ça peut être perçu négativement. Le chanteur Matt Bellamy, il a mentionné dans une entrevue qu’il essaie toujours d’écrire des textes qui sont généraux, qui peuvent donc s’appliquer à plusieurs situations. Cette chanson-là en particulier, ça parle de toute situation où une rupture est sur le point d’arriver. Peut-être. Et là, le lien avec LinkedIn, c’est quoi la rupture qui s’en vient avec LinkedIn? C’est un peu le sentiment des fois que j’ai l’impression que LinkedIn évolue dans une drôle de direction et que j’ai des doutes. Et pourquoi je dis ça, une mise en contexte, c’est que c’est pas la première fois que j’ai des doutes.
Nécessairement, LinkedIn a eu 18 ans l’année passée. Là-dessus, ça fait 15 ans que je forme les gens. Il y a des moments où je me suis dit: « mais mon Dieu, pourquoi ils font ça? Ça fonctionne pas, etc. » Et l’idée derrière ça, je pense que c’est juste sain. C’est pas de dire, LinkedIn, c’est pas bon, LinkedIn, ça s’est trop transformé, je m’y reconnais plus. Mais c’est de le remettre en avant-plan, qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qui a changé, pour être capable de voir maintenant comment je vais m’y adapter.
Alors, on commence:
« Je pense que je me noie, asphyxié. Je veux briser ce sort que tu as créé. »
Juste ce premier paragraphe-là, ça donne un peu l’impression que LinkedIn a changé et commence à prendre trop de mon temps. Et ça, nécessairement, c’est le fil de nouvelles où on n’a plus tant de contrôle. Il y a une nouveauté qui est apparue à la fin de 2021, la fameuse cloche. Vous l’avez peut-être vue. Alors, cette cloche-là permet, lorsqu’on va sur le profil d’une personne, si on a la fonctionnalité, on peut cliquer sur la cloche et donc à partir de ce moment-là, on va recevoir les notifications, en fait des notifications que la personne a publiées. Alors ça c’est intéressant si on suit peut-être quatre, cinq personnes. J’ai l’impression que ça va devenir n’importe quoi si on en suit une vingtaine, une centaine. Vous imaginez le nombre de notifications. Surtout si on suit des gens qui sont très, très… on va dire des créateurs très prolifiques. Bref, ça reste à voir, mais ce sentiment-là de se sentir asphyxié, de se noyer, dès que je l’ai lu dans ma tête, je faisais le lien tout de suite avec le fil de nouvelles.
On poursuit, deuxième paragraphe:
« Tu es quelque chose de magnifique, une contradiction. Je veux jouer le jeu, je veux la friction. »
Donc, l’affrontement. Et ça, ça revient toujours au fait que, pour moi, LinkedIn, à la base, c’est merveilleux. Je veux dire, il n’y a pas aucune autre plateforme qui a mis en place les éléments qui nous permettent de briller au niveau individuel, qui nous permettent de nous connecter ensemble, donc il y a un volet collectif, il y a le volet aussi des interactions puis de la communication au travers de ça.
Et à quelque part, lorsqu’on choisit les bonnes personnes, lorsqu’on adapte un peu son fil de nouvelles, on a la bonne information. Donc le potentiel en soi, pour moi, c’est… J’ai toujours cet… Cet émerveillement-là par rapport à ce que LinkedIn peut être. Maintenant, en cours de route, on se rappelle le premier paragraphe, j’ai toujours des doutes comment ça peut évoluer.
On poursuit, peut-être un peu plus dark:
« Tu seras ma mort, yeah, tu seras ma mort. »
Évidemment, j’espère que non. On va poursuivre au refrain:
« L’enterrer, je ne te laisserai pas l’enterrer, je ne te laisserai pas l’étouffer, je ne te laisserai pas l’assassiner. »
Évidemment, c’est une traduction, donc en anglais, ça sonne un peu mieux.
« Nous manquons de temps. Et nous manquons de temps. Tu ne peux pas l’envoyer sous terre, nous ne pouvons pas l’arrêter en criant. »
Alors ici, ça c’est un peu un rôle que je me donne de peut-être lanceur d’alerte quand je vois que ça n’a pas trop de sens. C’est d’aller appuyer les gens qui décrivent des changements qui ont été effectués. Dernièrement, début janvier, j’ai vu que LinkedIn, même peut-être fin décembre 2021, LinkedIn a apporté des changements au niveau de l’interface du profil. Et là, ça nous prend comme 4-5 clics pour arriver au même changement qu’auparavant. Donc, au niveau interface usagée, c’est vraiment pourri. Et ça ne m’empêchera pas d’utiliser la plateforme, mais j’ai l’impression que ça complexifie les choses pour rien. Et si je vois qu’il y a des gens qui chialent en ce sens-là, je vais aller appuyer ce mouvement-là pour que LinkedIn puisse s’améliorer dans le fond. Ils ne le font pas tout le temps, mais je pense qu’à l’occasion, ils vont demander l’avis de certains power users, donc des gens qui utilisent beaucoup la plateforme. Et quand je peux aider, j’aime ça le faire.
Alors, on poursuit:
« Je voulais la liberté, mais je suis limité. J’ai essayé de renoncer à toi, mais je suis dépendant. »
Et ça, au niveau de LinkedIn, moi, je le vis. Peut-être que d’autres le vivent aussi. Mais on est comme pris un peu avec LinkedIn. Beaucoup de nos contacts sont là-dedans, même si certains sont plus actifs, c’est via cette plateforme-là qu’on peut parfois les rejoindre. C’est pas la seule plateforme qui existe, mais on devient dépendant. Moi, je me connecte plusieurs fois par jour. Donc, il y a ce volet-là un peu qui peut être perçu négatif.
Je poursuis:
« Maintenant que tu sais que je suis emprisonné, sentiment d’exultation, tu ne rêveras jamais de briser cette fixation, tu presseras la vie hors de moi. »
Et là, le refrain recommence. On est pris les deux là-dedans. LinkedIn se doit d’évoluer, entre autres parce que les besoins changent, les environnements évoluent. Beaucoup de gens sont partis de Facebook pour venir sur LinkedIn, donc nécessairement LinkedIn se transforme. Mais LinkedIn ne peut pas se mettre à dos non plus les gens qui ont fait son succès. Et à quelque part, ils doivent aussi générer de l’argent. Donc ils sont pris là-dedans, ils ne vont pas vouloir le briser. Des fois, c’est limite. Mais je pense qu’ils ont quand même réussi à travers les ans à avoir une certaine direction. Et c’est ça qui est… C’est ça qui est bien. Puis il n’y a pas nécessairement d’alternative qui existe encore de cette nature-là. Oui, il y a des choses qui existent pour trouver des nouveaux contacts, pour échanger, etc. Mais la notion où on intègre et le profil et le réseau et le fait de pouvoir publier sous différentes formes, ça, ça n’existe pas. Alors on est un peu justement emprisonné.
Par contre, ils ne peuvent pas faire n’importe quoi parce que ça pourrait tomber assez rapidement à pas grand chose.