L’autre jour, j’ai eu une discussion avec l’un de mes 3 enfants. Elle a 12 ans et est depuis peu sur Facebook. (Oui, je sais que ça contrevient aux conditions d’entrée, mais plusieurs enfants y sont et c’est une façon de garder un lien avec ceux qui iront à une autre école). J’ai vu qu’elle aimait plusieurs pages – sa soeur de quasi 14 ans aussi d’ailleurs – sans se soucier de l’impact. Je l’ai donc informée que tout était enregistré et que cela allait la suivre toute sa vie. Elle m’a répondu qu’elle pourrait créer un autre profil plus tard et que ce n’était pas si grave que ça. Voici ma réponse: Les empreintes digitales de mes enfants sur Facebook (et les miennes).
Facebook et le big data
Facebook est en mesure de tout enregistrer. Si dans la tête de certains, c’est relativement peu (des j’aime, des partages, des contacts, …), c’est tout simplement parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe derrière. C’est votre cas ?
Débutons avec le big data. C’est quoi ? On traduit en français par mégadonnées, « grosses données » ou données massives. En quelques mots: des données caractérisées par 3 V:
- Volume (vraiment beaucoup)
- Variété (très variées et souvent non structurées)
- Vélocité (générées très fréquemment)
C’est tellement gros que seuls les ordinateurs sont en mesure de les traiter. Et ce qu’on peut en sortir est très puissant voire terrifiant. Surtout que les ordinateurs seront plus intelligents que nous d’ici quelques années.
En 2005, je travaillais sur un projet de big data qui enregistrait des données de multiples sources. 330 pour être exact. Les 3V étaient réunis. Avec des outils mathématiques (analyses multi-variées), nous avions découvert qu’en mesurant uniquement 6 données, nous pouvions prédire le résultat à la sortie à plus de 90%. Mieux que la météo n’est-ce pas?
Le lien avec Facebook? Il suffit de simplement quelques informations pour être en mesure de prédire quel genre de personne vous êtes avec une grande précision. J’y reviens plus loin.
Les empreintes digitales
J’ai failli écrire empreintes digitales numériques, mais peut-être arrivons-nous à une définition plus juste de ce que sont les empreintes digitales.
Si on pousse la logique du big data avec Facebook, on peut facilement entrevoir qu’il sera possible d’identifier une personne en analysant son compte Facebook. Pour cela, il ne faut pas nécessairement avoir toute l’information. Des parcelles suffisent.
Un exemple pour une personne fictive:
- amie avec Jean X et René Y (basé sur les échanges via Messenger)
- aime les animaux et les droits de l’homme (basé sur les « j’aime » sur les pages B, C et D)
- se connecte habituellement le matin à Montréal entre 6h et 6h30 sur l’application puis sur le web vers 15h00 pour 15 minutes
- routine sur l’interface: fil de nouvelles, messagerie, groupes G et H
- tremble de la main (basé sur le mouvement de la souris)
- …
Plus il y a de données, plus la reconnaissance via les comportements devient possible. Évidemment, plusieurs groupes veillent au grain pour éviter que cela n’arrive.
Mes chers enfants…
Ma réponse est très simple: même si vous fermez votre compte, vos comportements et habitudes demeureront sensiblement les mêmes. Vous pouvez créer un autre compte qui sera différent du premier, mais certains éléments ressortiront et cela sera suffisant.
Ne prenez pas les « J’aime » et les réseaux sociaux à la légère (cela inclut les recherches que vous y faites). Une recherche a déjà démontré qu’il était possible de déterminer à quel point vous êtes intelligent et beaucoup plus avec uniquement les pages que vous aimez.
Je dois moi aussi me le rappeler sur une base régulière.
Mise-à-jour 2023 – Cette vidéo, 8 ans plus tard, montre à quel point les risques sont grands. Merci à Anne-Solène Rioult de me l’avoir fait connaître via LinkedIn.