L’un des sujets récurrents au niveau de Linkedin est la valeur des recommandations. Jusqu’à tout récemment (24 septembre 2012), nous pouvions seulement recommander une personne pour un poste. Une nouvelle fonctionnalité s’ajoute désormais: la recommandation d’expertises et de compétences (skills and expertise endorsement). Et la question demeure: quelle valeur pour les recommandations sur Linkedin ?
Recommandation d’expertises et de compétences
Le fonctionnement est simple, comme vous pouvez le constater dans la mini-présentation offerte par Linkedin:
En allant sur votre profil, Linkedin vous affichera une boîte vous présentant 4 contacts et vous suggérant des expertises et compétences pour ceux-ci. Si vous pensez que la suggestion est bonne, vous cliquez sur recommander (endorse). Suivant!
Où se situe le problème ?
Même si je crois en l’utilité des recommandations, je me demande s’il n’y a pas des effets pervers à tout ceci. Je m’explique en 3 points:
1- Trop facile
Le titre de l’article du blogue de Linkedin qui parle de cette nouvelle fonctionnalité est très explicite: Introducing Endorsements: Give Kudos with Just One Click. C’est un peu comme la valeur des J’aime sur Facebook qui est parfois remise en question versus la valeur d’un commentaire bien senti. Le niveau d’engagement n’est pas le même. Un clic, c’est trop facile.
En fait, j’avais l’impression d’être dans le film The Social Network, lors du lancement de Facemash. Clic-clic-clic…
2- Des kudos sans limite et aucun lien de travail nécessaire
Il ne semble pas y avoir de limite sur le nombre de recommandations que l’on peut faire (cela reste à valider). De plus, cela devient quasiment anonyme lorsqu’il y a plus de 10 personnes qui recommandent. Qui va réellement vérifier et valider ? Finalement, la personne qui recommande n’a pas à démontrer dans quelle circonstance elle a été en mesure de valider ceci.
À terme, ces recommandations serviront probablement au moteur de recherche interne à Linkedin, si ce n’est déjà fait. Peut-être même externe via Google et compagnie si cela se retrouve dans le profil public ?
Si nous pouvions craindre le syndrome du « Scratch my back I’ll scratch yours » avec les recommandations textuelles, je crois que la situation ne s’améliore pas avec cette fonctionnalité.
D’ailleurs, j’offre désormais la création de faux profils pour vous aider à ressortir dans les résultats de recherche (c’est une blague évidemment, pour démontrer mon point).
3- Suggéré
Le dernier point, c’est que Linkedin suggère les expertises et compétences. Pire, la question posée par Linkedin est:
Does Mathieu Know about Social Media Marketing ?
Imaginez si je suis expert en Marketing versus spécialiste en Médias sociaux versus formateur en réseaux sociaux ? Indiquez-vous oui ou non ? Auriez-vous préféré Social Media tout court ?
J’ai fait le test avec une vingtaine de personnes et cela a été assez difficile, même si je connaissais assez bien celles-ci. Je ne crois pas que tout le monde sera aussi consciencieux.
Ma conclusion
Les recommandations textuelles sont intéressantes, car elles sont qualitatives. De plus, elle demande du temps et un engagement. Même si certains peuvent truquer les résultats, nous pouvons assez facilement valider celles-ci avec un courriel ou mieux un appel.
Avec les recommandations à un clic, c’est le contraire. N’importe qui, ayant ou n’ayant pas travaillé avec la personne, peut recommander quelqu’un. Nous pouvons espérer que la somme des recommandations va converger vers la réalité, mais cela demeure un souhait.
Personnellement, j’aime la fonctionnalité Compétences et expertises pour trouver et qualifier des gens. Mais là, je crois que c’est du n’importe quoi. D’ailleurs, lors de l’événement TRU Montréal, plusieurs professionnels en ressources humaines partageaient mon point de vue.
Qu’en pensez-vous ? Est-ce le nouvel Eldorado pour les consultants ?
Je trouve cela un peu inquiétant: à quand un bouton « je ne recommande pas » et le bashing anonyme gratuit? Ça ne fait pas sérieux. Ton billet ne le mentionne pas, mais existe-t-il un moyen de bloquer cette option? Je n’y crois pas vraiment donc je ne vois pas la pertinence d’avoir des « j’aime » sur des compétences potentiellement erronées en plus!
@Geneviève il faudra voir comment cela évolue. À mon avis, l’idéal aurait été de limiter le nombre de recommandations possibles. Avec un nombre limité, il faut choisir avec plus de rigueur.
Je n’ai pas vu de façon de bloquer, mais nous pouvons les cacher individuellement en allant dans notre profil, dans la section Skills and Expertise.
Ça fait « Klout » comme fonctionnalité, et même ce réseau a limité les recommandations possibles. Je suis d’accord avec toi Mathieu, une limite obligerait à plus de discernement. La question aussi est biaisée. Je sais beaucoup de choses à propos de beaucoup de sujets. Ça ne fait pas de moi quelqu’un à recommander dans le cadre d’un mandat professionnel!
Les recommandations textuelles demandent un grand engagement. Une solution intermédiaire aurait-elle pu être envisagée?
En effet, j’ai également pensé à Klout moi aussi.
Nous verrons pour la suite. Merci pour ton commentaire.
Mon avis: ça enlève le côté professionnel et sérieux de ce réseau. C’est ce qui faisait sa différence. Un peu comme le partage systématique de ce qui se publie sur Twitter vers LinkedIn, les recommandations à la « j’aime » diminue la qualité du réseau LinkedIn. Malheureusement.
Mathieu:
Chose étrange: je ne suis pas de tout d’accord avec toi. Mais, pas de tout. (Bizarre, je le sais, mais « there’s a first time for everything »…! Je m’explique en répondant à chacun de vos points de ton billet.
1. Trop facile.
Pis? Pourquoi est-ce que le fait que c’est facile rend la recommandation moins valide? J’aime le fait que je peux passer 5 minutes et recommander quelques compétences de quelques personnes dans mon réseau. C’est de cette manière que je t’ai recommandé pour les compétences de « Formation », « LinkedIn », « Gestion de projet » et « Médias sociaux ». Chacun de ces choix était bien réfléchi (même si c’était très vite) et a été basé sur les discussions que nous avons eu ensemble, soit en personne, soit virtuelle. Bref: le fait que c’était vite ne change pas de tout ma perception de tes expertises.
2. Des kudos sans limite et aucun lien de travail nécessaire.
Encore une fois: et pis? Prenons comme exemple la compétence « LinkedIn » pour laquelle je t’ai recommandée. Si quelqu’un dans mon réseau me demande: « connais-tu un expert LinkedIn », je donnerais ton nom sans aucune hésitation. Pourquoi? Parce que chaque fois que je t’ai posé une question, tu avais une réponse (que j’étais capable de valider avec mes propres recherches). Parce que, de temps en temps, tu vas écrire un billet sur ce blogue à propos de LinkedIn qui sollicite la réaction « oh, je ne savais pas ça » et qui me motive de faire des changements à mon profil. Pourtant, *nous n’avons jamais travaillé ensemble*! Ma recommandation est basé sur 4.5 ans de discussions sur Twitter, sur LinkedIn, à travers nos blogues et « en vrai vie » aux événements que nous avons assistés ensemble. Apparemment, je ne suis pas toute seule: 18 autres personnes te voient comme ayant la compétence « LinkedIn » à un tel point que c’est la compétence #3 sur ton profil.
3. Suggéré.
Encore une fois: et pis? LinkedIn suggère des compétences pour rendre la tâche plus facile. (Et tel que j’ai noté ci-haut « facile » n’est pas nécessairement une mauvaise chose.) Mais il y a une distinction importante: les suggestions viennent des compétences choisies par la personne et non par LinkedIn. On n’est pas obligé de cliquer! Dans quelques cas, le tien par exemple, je n’aimais pas les suggestions proposées par LinkedIn (est-ce que tu connais LinkedIn pour les entreprises? aucune idée), donc je suis allée sur ton profile et j’ai choisi les compétences que je pouvais recommandées avec confiance. Je suis d’accord que tout le monde ne va pas faire comme moi et peut-être il y a des personnes qui cliquent sans réfléchir mais à la long (et voici la puissance de cet outil) les votes vont donner une vue globale de notre image (notre marque) tel que vu par notre réseau! Dans mon cas à moi, j’ai 21 votes pour Gestion de projet. Étant donné j’ai écrit dans mon sommaire que je suis une experte en gestion de projet, je suis soulagée que mon réseau a la même perception! Par contre, je n’ai qu’un vote pour « conférencier ». De ça je conclus que, si je veux me lancer comme « conférencier », j’ai un peu de travail de marketing à faire, n’est-ce pas?
J’aimerais conclure que, personnellement, j’adore cet outil: c’est un moyen très efficace pour répondre à la question « comment est-ce que mon réseau me perçoit? » Avec les réponses que j’ai à date, je suis en mesure de faire quelques améliorations à mon profil. Par exemple, j’ai déjà fait du mentorat dans ma carrière mais la majorité de mon réseau ne peut pas voter pour cette compétence. Alors, je peux demander une recommandation textuelle qui peut appuyer cette compétence.
En passant, ce billet ne change pas de tout ma perception de toi comme « le » expert LinkedIn dans mon réseau…!
Au plaisir de continuer la discussion avec toi!
Tout d’abord, merci Elisabeth pour ta perception 🙂 et ton commentaire.
Je crois qu’on se rejoint au milieu. Lorsque que quelqu’un est en mesure de donner une recommandation valable, par expérience directe ou indirecte, il s’agit d’une fonctionnalité intéressante qui a de la valeur. Je suis moi aussi content lorsque quelqu’un de mon réseau reconnait mes compétences et expertises. Comme toi, j’aime savoir comment les gens me perçoivent pour ajuster au besoin.
Le véritable problème, c’est ce que j’appelais l’effet pervers. Parce qu’il n’y a pas de limites, certains ne se questionnent pas. Parce que c’est facile, certains ne se limitent pas. Parce qu’ils ont besoin de reconnaissance, certains donnent en premier sans compter mais aussi sans vérifier.
Par exemple, plusieurs me donnaient comme compétence MS Project. Un outil que je n’utilise plus depuis 7 ans et je ne me suis jamais approché du niveau expert.
Un autre exemple, un américain que j’ai rencontré 1 fois et qui me donne des recommandations sur des compétences et expertises que j’ai, mais dont il n’a aucune idée.
Ainsi de suite…
Bref, j’espère sincèrement moi aussi que cela va converger vers quelque chose de positif. D’ailleurs, pour faciliter cela, j’ai écrit Ces recommandations Linkedin qu’on ne veut pas.
En passant, pour avoir vu ta conférence à Wordcamp l’année passée et pour nos discussions autour de la gestion de projet, je suis moi aussi allé te recommander 🙂 Bon weekend!